Pouvez-vous presenter le concept
du site Public Lettering ?
Par ‘public lettering’ (lettrage public), je veux simplement parler
de lettrage extérieur ou dans des endroits publics. Et j’utilise
le terme ‘lettrage’ délibérément car la plupart
de ces lettres ne sont pas typographiques. J’ai commencé à
photographié des exemples autour de moi vers 1992 comme une tâche
de fond, pour un projet que je menais au Cal Arts. Plus tard, j’ai acheté
mon propre appareil de photo et j’en ai profité pour adopter
une attitude plus régulière. Mais quand même pas
aussi systématiquement que pour un projet de recherche ; c’était
plus une façon intéressante de passer le temps quand je
visitais les villes de différents pays.
Quelques années plus tard, alors que Catherine [Dixon] travaillait
à son doctorat au Central Saint Martins College, elle a commencé
à photographier des choses similaires. Plus nous prenions des
photos et discutions ensemble, plus il nous apparaissait intelligent
de rapprocher nos projets.
La
ballade elle-même a d’abord évolué au milieu des
années 1990 afin de se rapprocher du projet que j’avais élaboré
à CalArts, mais cette fois, il s’agissait de voir les lettres
in situ. La promenade avec mes étudiants partait de Sainsbury
Wing jusqu’à l’école; puis plus tard pour varier un peu,
de la British Library jusqu’à l’école. Les deux trajets
ont été fusionnés en 1997 et fait l’objet d’un
leaflet de quatre pages pour les délégués de la
Conférence ATypI qui se tenait cette année là en
Angleterre.
Le feedback fut excellent. Après de nouvelles discussions avec
Catherine, j’ai commencé à écriture quelques papiers
sur le sujet, en commençant par un article pour le n°34 de
la revue Eye (sur la signalisation routière et autoroutière
en Angleterre dans les années 1957 à 1964). Peu après,
trois étudiants, Jack Schulze, George Agnelli et Matt Hyde me
demandèrent s’ils pourraient transformer la ballade en site internet.
Pour différentes raisons, ils ne firent pas le site quand ils
étaient étudiants, mais nous le firent après leur
départ.
D’où vient l’idée ?
Dans une large mesure, la plupart de nos idées viennent, académiquement
tout du moins, des pensées exprimées par les premières
personnes à traiter du sujet : Alan Bartram, Nicolete Gray et
James Mosley. Ils se concentraient sur l’histoire et étudiaient
l’évolution de la forme des lettres en Angleterre. Je pense que
nous sommes conscients d’avoir enregistré et enrichi ce qu’ils
avaient déjà classé, même si notre approche
fut plus large et peut-être plus éclectique.
Comment
avez-vous sélectionné les éléments présentés
sur le site ?
Lors de l’élaboration du plan d’origine, certains elements incontournables
préexistaient: le Coliseum, la Sainsbury Wing de la National
Gallery ou encore la porte d’entrée de la British Library. Il
s’agissait ensuite de trouver un trajet intéressant pour les
relier. La ballade est conçue pour assurer un équilibre
dans les choses à voir, le type de rues est également
important dans la mesure où elles montre différents aspects
de l’histoire de Londres.
Quels sont vos lieux preférés ?
La St Martin’s Schools, les escaliers de l’aile Sainsbury de la National
Gallery et le portail de la British Library.
Pensez-vous que ce type de projet peut-être
mené dans une autre ville que Londres ? Vous pensez refaire ce
projet dans une autre ville ?
Il pourrait être réalisé dans de nombreuses villes
: Bath en Angleterre ou Edinburgh à Ecosse sont des candidats
évidents. Mais il y a des choses à voir à pied
à peu près partout.
Cette
année la conference de l’ATypI s’est tenue à Lisbonne,
et parce que Catherine et moi-même avions déjà fait
de nombreux séjours à Lisbonne ces trois dernières
années pour documenter des sites photographié par Nicolette
Gray dans les années 1960, on nous a demandé d’organiser
une promenade. Environ 80 délégués sont venus avec
nous et nous avons pu discuter des changements observés ces 40
dernières années ainsi que des circonstances qui permettent
la survie de tant de lettrage ici. |